Rien plus qu’un peu de moelle

Préambule

C’était un soir d’été 2021. J’allais voir un peu par hasard une projection en plein air d’un film de Harold Lloyd. J’ai ri. Qu’est-ce que j’ai ri ! Et à la fin, j’ai pleuré de joie de voir cette bêtise et cette fragilité de la vie. Je me suis dit alors : oui, il faut rire, c’est la seule chose à faire aujourd’hui, dans ce monde-ci.

Il a fallu quelques chemins cheminant pour arriver à Rabelais, mais une fois apparu sur la scène de ma conscience, il était évident que je devais travailler à partir de son œuvre.

Ce n’est pas seulement le fait de poursuivre le travail épique des métamorphoses d’Ovide avec cette sorte de parodie d’épopée de Gargantua et Pantagruel ; c’est qu’il y a dans Rabelais un rétablissement du corps et de ses droits qui n’est égalé que par peu. Se retrouvent là mes obsessions : libérer la vie de sa chape de moral, de bien-pensance, des vues de l’esprit qui l’étouffent. Et cette libération passe par le corps. Rabelais célèbre le corps avec ses jouissances infinies et leurs raffinements. Au contraire de Walser ou Ovide, il nous donne presque un programme pour nous éduquer et nous apprendre comment vaincre la tristesse et la méchanceté ici bas. Le théâtre, loin de nous faire la leçon, n’étant ni église, ni école, pourrait être ce lieu où la langue rabelaisienne, ses excès, ses jeux, sa folie, nous fait vivre par contraste l’expérience de la pauvreté actuelle de notre existence et nous ouvre un chemin vers des joies insoupçonnées. Un théâtre didactique de pantagruélisme.

« Tirez le rideau, la farce est jouée. »

Pourquoi Rabelais, dites-vous ?

Le mercredi 24 août 2022, Emmanuel Macron annonçait avec gravité « la fin de l’abondance ». Rien de plus actuel donc, du moins par contraste, que l’abondance rabelaisienne qui envahit tout partout. Abondance de mots d’abord, des excès de toutes sortes, des délires de toute espèce. Chez Rabelais, la langue délire.

Et c’est un délire terrestre. Les calembours en sont la preuve. Le délire se pose d’abord sur la matérialité de la langue même. Son rire est un rire terrestre, humain trop humain, étranger à toute vue d’esprit sur la vie. La Vie est abondance, personne ne nous enseignera le contraire.

Et l’utopie rabelaisienne reste intacte 500 ans après l’avoir écrit. Sa langue n’a perdu en rien de sa folie débridée. C’était une langue naissante, c’était la langue du peuple, des pauvres qu’il voulait la langue de l’avenir. Il y faisait le pont du Moyen-Âge jusqu’à nous. Et on doit se dire que si son délire reste valide pour notre modernité, nous devons avoir perdu son utopie en route. On fait donc bien d’y retourner et y jeter un coup d’œil. On y découvrira entre autre que la jouissance que Rabelais nous propose, la jouissance de parler, de boire, de manger, de pisser, de chier,… est à l’opposé de la pornographie d’aujourd’hui. Il s’y recherche un raffinement infini et majestueux à l’instar de la recherche de Pantagruel, comment le mieux se torcher le cul :

– Grâce à une longue et soigneuse expérience, dit Gargantua, j’ai inventé un moyen de me torcher le cul, le plus seigneurial, le plus excellent, le plus efficace qu’on ait jamais vu.

– Lequel ? dit Grandgousier.

– Comme je vais vous le raconter maintenant, dit Gargantua. Je me torchai une fois d’un masque de velours d’une demoiselle, et je le trouvai bon, car la mollesse de la soie causait au cul une bien grande volupté.

Une autre foi d’un chaperon de la même demoiselle, et ce fut pareil.

Une autre fois d’un cache-cou, une autre fois d’oreillettes de satin cramoisi, mais la dorure d’un tas de paillettes de merde qui y étaient m’écorchèrent tout le derrière ; que le feu saint Antoine brûle le boyau culier de l’orfèvre qui les brodées et de la demoiselle qui les portait.

Ce mal passa en me torchant le cul d’un bonnet de page bien emplumé à la suisse.

Puis, en chiant derrière un buisson, je trouvai un chat de mars, dont je me torchai, mais ses griffes m’écorchèrent tout le périnée.

Je me guéris le lendemain en me torchant des gants de ma mère parfumés de fenteur.

Puis je me torchai de sauge, de fenouil, d’aneth, de marjolaine, de roses, de feuilles de courge, de choux, de bettes, de pampre, de guimauve, de verbasce (qui fait le derrière rouge), de laitue et de feuilles d’épinard (le tout m’a fait une belle jambe, pas plus), de mercuriale, de pêcher, d’orties, de consoude, mais j’en ai eu la dysenterie. Dont je fus guéri en me torchant de ma braguette.

Puis je me torchai aux draps, à la couverture, aux rideaux, d’un coussin, d’un tapis, d’un tapis vert, d’un torchon, d’une serviette, d’un mouchoir, d’un peignoir. Dans tout ça je trouvai autant de plaisir que les teigneux quand on les gratte.

– Certes, dit Grandgousier, mais quel torche-cul trouvas-tu le meilleur ?

-J’y arrive, dit Gargantua, et bientôt vous en saurez le fin mot. Je me torchai de foin, de paille, d’étoupe, de bourre, de papier, mais

Toujours laisse aux couillons amorce

qui son cul sale de papier torche.

– Quoi, dit Grandgousier, mon petit couillon, as-tu bu du vin, vu que tu rimes déjà ?

– Mais oui, mon roi, répondit Gargantua, je rime tant et plus et en rimant souvent m’enrime. […]

– [Très bien mais] retournons […] à notre propos.

– Lequel ? Dit Gargantua. Chier ?

-Non, dit Grandgousier, mais se torcher le cul.

– Mais, dit Gargantua, voulez-vous me payer un tonneau de vin breton, si je vous épate sur ce sujet ?

– Oui vraiment, dit Grangousier.

– Il n’y a pas besoin, dit Gargantua, de se torcher le cul sauf s’il y a ordure. Ordure ne peux y être si on n’a pas chié ; il nous faut donc chier avant d’avoir le cul torché.

– Oh, que tu as du bon sens, petit garçonnet, dit Grandgousier. Un de ces jours je te ferai passer docteur en gaie science, pardieu, car tu as plus de raison que d’année. Mais poursuis ce propos torcheculatif, je t’en prie. Et par ma barbe, au lieu d’un tonneau, tu en auras soixante ; je précise : de ce bon vin breton, qui ne se fait pas en Bretagne, mais en ce bon pays de Verron.

– Je me torchai, dit Gargantua, d’un couvre-chef, d’un oreiller, d’une pantoufle, d’une gibecière, d’un panier. Mais quel déplaisant torche-cul ! Puis d’un chapeau, et notez que les chapeaux sont les uns ras, les autres velus, les autres veloutés, les autres en taffetas, les autres satinés. Le meilleur de tous est celui de fourrure. Car il enlève très bien la matière fécale.

Puis me torchai d’une poule, d’un coq, d’un poulet, de la peau d’un veau, d’un lièvre, d’un pigeon, d’un cormoran, d’un sac d’avocat, d’un capuchon, d’une coiffe, d’un leurre emplumé.

Mais en conclusion je dis et maintiens qu’il n’y a pas de torche-cul supérieur à un oison bien en duvet, pourvu qu’on lui tienne la tête entre les jambes. Et vous pouvez me croire sur mon honneur. Car vous sentez au trou du cul une volupté mirifique, tant de la douceur de ce duvet que de la douce chaleur de l’oison, qui se communique facilement au boyau culier et autres viscères, jusqu’à monter à la région du cœur et du cerveau. Et ne pensez pas que la béatitude des héros et demi-dieux de Champs Élysées vient de leur asphodèle ou de leur ambroisie, ou du nectar, comme disent les vieilles d’ici. Elle est, selon mon opinion, qu’ils se torchent le cul d’un oison. Et telle est l’opinion de Maître Jean Duns Scot.

Au delà des torche-culs, une utopie, une langue

Au delà des torche-culs, le pantagruélisme, une sorte de philosophie de la joie, est intimement lié aux questions utopiques du XVIe siècle. L’abbaye de Thélème, récompense de Garguanta faite à Frère Jean, est un lieu de raffinement joyeux, où l’on peut converser « en compaignies honnestes ». Elle ne comporte pas de murailles, les heures n’y sont pas comptées, le Frère Jean a l’habitude de se réveiller « à l’heure des matines », mais aucune règle trop stricte ne doit freiner les désirs de chacun. Car les « gens libres […] ont par nature un instinct, comme un aiguillon, qui les pousse toujours à agir vertueusement et les retire du vice ». Une abbaye où chacun a une liberté absolue, avec pour devise : “Fais ce que tu voudras”. Cette abbaye inventée par Rabelais est présentée comme la première utopie de la littérature française…

Et pourtant, la grande utopie rabelaisienne commence peut-être plus radicalement après Thélème, dans le Tiers et le Quart livre (v. François Bon). Ici la langue déraille complètement, et avec elle sont mis à l’échec tous les interprètes des signes du monde. Rabelais nous libère des intermédiaires qui prétendent nous faire lire le monde, et souvent en tirent leur pouvoir. Et pour en venir à bout il fallait sans doute que le délire de la langue soit inscrit dans le rire.

Rire de dérision d’une part, discret ou agressif, voire violent et transgressif, tourné contre les “agelastes” (ceux, frappés d’un mauvais esprit de sérieux, qui ne veulent pas rire) et contre les forces d’oppression et d’autre part rire de connivence, le rire qui unit dans l’allégresse les compagnons qui célèbrent la vie et les pouvoirs de l’imagination.

Il n’est pas de hasard que ce même siècle apparaît comme un des plus brutaux qui aient été. On torture, on brûle, on pend, on écartèle, on viole. On arrache, on étripe, on perce les yeux, on coupe les oreilles et les langues. Rabelais lui-même a failli y passer. Et « lorsqu’il n’y a plus de larmes à pleurer, reste le rire. Le rire protège de la peur. » (Michel Ragon) Et y trouver quelque chose qui libère… La farce chez Rabelais a donc peut-être cette double fonction.

Revenir à Rabelais, c’est ainsi, au moment où notre monde ne semble jamais avoir été si proche de son effondrement, regarder ce qu’il y avait de promesses au moment de sa naissance et nous redonner de l’air pour ce qui reste à faire. Il nous démontre comment la langue crée une réalité qui nous était jusqu’ici inimaginable.

L’auteur

François Rabelais figure parmi les plus importants auteurs de la Renaissance. Auteur mystérieux dont la biographie reste lacunaire, il serait né en 1483 ou 1494, probablement en Tourraine. On sait que son père, avocat au siège de Chinon, possédait une vigne et une métairie sur les bords de Loire, mais on connaît peu son enfance et son éducation, car le premier document le concernant date seulement de 1521, et son premier portrait étant posthume, on ne connaît pas non plus son visage. Pourtant son œuvre a profondément marqué l’histoire de la littérature et de la langue française. 

Rabelais fut moine, traducteur et médecin – un humaniste polymathe en somme, passionné pour le droit, la grammaire, l’histoire, la mythologie, les langues anciennes, la botanique et bien d’autres disciplines encore… Il est l’écrivain français qui possède le lexique le plus varié et il a contribué à enrichir considérablement le creuset de cette jeune langue (qui ne sera normalisée qu’au XVIIème siècle) ne cessant de forger des néologismes en empruntant notamment au latin, au grec, à l’hébreu, aux langues vernaculaires et aux patois. Certains estiment même qu’il aurait crée dans le seul Gargantua, plus de 800 mots, intégrés ensuite de façon permanente à la langue française, l’adjectif “encyclopédique” par exemple lui est attribué !

Sa vie durant, Rabelais a allié foi en Dieu et discours anticléricaux, il a mêlé son érudition antique et classique à l’inspiration paillarde et outrancière des fêtes populaires médiévales, il a fondu le sens de la farce et du grotesque à l’élan de l’humanisme pour mener à bien critique décapante des institutions de son siècle (clergé, médecins, juristes, scolastiques)…  

Son exubérance créative, son travail d’orfèvre de la matière langagière et la critique sociale à travers les ressources de sa verve comique eurent une magistrale influence sur nombre d’auteurs jusqu’à nos jours, de Sterne et Swift à Jarry, Céline ou James Joyce, en passant par Chateaubriant, Balzac et Hugo qui saluait son “éclat de rire énorme”…

Un montage

L’œuvre de Rabelais est composée de quatre livres, plus l’ébauche d’un cinquième, qui racontent les faits et gestes d’une lignée de géants, mais cette épopée, et cet élan créatif sont entrecoupés, ne suivent pas de codes lissés ni ne cherchent de vraisemblance. Fiction narrative, chronique, dialogue, récit de voyage, mais aussi commentaires et digressions, poème surréaliste, la geste pantagruéline est foisonnante, touffue même.

L’adaptation que nous aimerions travailler pour nos Fragments Rabelais se construirait, comme son nom l’indique, à partir d’éclats, sans volonté de reconstruire la linéarité d’une partie de l’épopée. Nous avons l’intuition que cela est déjà induit dans le projet de Rabelais qui ne cesse de trouer sa narration, et même d’étirer – jusqu’au délire – ces trous, souvent à travers des listes infinis, magnifiques. On se perd dans ces trous et on s’y réjouit, on rit de l’indécence que c’est de lister des adjectifs sur plusieurs pages qui, par exemple, qualifierait ce « couillon ». C’est une langue ingouvernable, non instrumentalisé, non aliéné à quelconque appareil, sauvage et libre.

Le liant de ces fragments (situation, espace, etc.) est encore à découvrir. Sans doute y a-t-il un secret du côté de l’Odyssée verbale, de cette poétique de l’oralité, de la vitalité de ce retour à la matérialité truculentes des corps, des mots et du plaisir pour réveiller le vieux monde.

Costumes et scénographie

Pour les costumes et la scénographie, nous aimerions nous inspirer librement de la Renaissance, sans pour autant faire une restitution historique.

Les tréteaux et des rideaux pourraient nous servir à jouer sur différents plans et différentes espaces. Des braguettes, hauts-de-chausses et pourpoints pourront dessiner des corps qui permettront de rendre hommage à l’excès rabelaisien.

Les détails de ces éléments seront dépendant du montage textuel.

Une communauté d’amis et l’équipe des Fragments Rabelais

En lisant Rabelais, on est frappé par une image belle et claire : il s’agit d’un « vivre ensemble », de cette communauté d’amis qui entourent Pantagruel. Il y règne bonne humeur et intelligence, bien que la violence n’y est pas forclose. Il ne semble pas y avoir de contradictions entre l’excès des beuveries, des gueuletons, des « vulgarités », le calme de l’étude, la clarté d’une justice, la méchanceté de Panurge…

L’équipe artistique peut éventuellement étonner par son hétérogénéité, du moins par la diversité des horizons d’où viennent ses membres. Il me semble cependant que l’utopie du monde rabelaisien peut seulement s’appuyer sur une communauté de singularités rares, souveraines, voire improbables.

J’ai tenté de construire une telle communauté d’artistes autour du présent projet, en y fantasmant ces groupes d’humanistes de la Renaissance travaillant à un monde meilleur souvent au risque de leurs vies.

Malte Schwind – mise en scène

Malte Schwind est né en 1986 en Allemagne. Après son baccalauréat, il quitte son pays natal pour le Québec où il commence à étudier la psychologie. En 2009, il immigre en France et y découvre le théâtre. Il intègre en 2012 le Master « Arts de la scène » parcourt « dramaturgie et écriture scénique » à l’université Aix-Marseille lequel il termine en 2014.

Ses premiers travaux portent sur des « écritures de plateaux » à partir d’un montage de textes d’auteurs multiples tels que Artaud, Hölderlin, Passolini, Dostojewski, etc. Après sa première création professionnelle Tentatives de fugue (Et la joie ?… Que faire?), il entame un travail sur Robert Walser avec deux créations : La Promenade et Hedwig Tanner. Ce travail sur Walser a un impact crucial sur sa manière de travailler et sa conception du bonheur. En 2022, il crée Les Métamorphoses d’Ovide.

Depuis 2020, il a repris le jeu entre autre auprès de Danièle Bré. Parallèlement, il intervient à l’Université Aix-Marseille et au LAN du CDN d’Aubervilliers. Il est critique à l’Insensé et co-fondateur du lieu de vie et de création La Déviation à l’Estaque, Marseille et dirige sa compagnie de théâtre En Devenir 2 depuis 2017.

Émilie Hériteau – dramaturgie

Émilie Hériteau est comédienne et metteure en scène, issue d’un parcours universitaire en histoire et linguistique et formée au jeu dramatique en France et à l’étranger. Elle collabore avec les compagnies Stück et Interstices et joue notamment sous la direction de Marie-José Malis et Sylvain Creuzevault. De 2015 à 2018, elle travaille à La Commune CDN Aubervilliers en tant que dramaturge. Elle met en scène notamment Sur la grand route, d’après Tchekhov et La vie de Galilée d’après Brecht. Elle co-fonde et coordonne la permanence d’ateliers de théâtre du Laboratoire pour des Acteurs Nouveaux (LAN) lié à La Commune, mêlant amateurs et professionnels. Elle est membre fondatrice du Studio des actrices, un groupe de recherche sur le jeu et la souveraineté de l’actrice.

Eloïse Guérineau – jeu

Eloïse Guérineau, née le 7 juin 1993, se forme professionnellement à l’art dramatique à Grenoble, au conservatoire régional et à l’université en section « arts du spectacle », puis à Paris, au sein de L’École Supérieure d’Art Dramatique, dont elle est diplômée en 2020.

Au cours de sa formation, elle travaille auprès de professionnels de l’art dramatique, dont notamment Muriel Vernet, Jean-François Matignon, Mathieu Genet, Thomas Quillardet, Guy-Pierre Couleau, Pierre Maillet, Sara Llorca, Mariette Navarro, Cédric Gourmelon, Marie-José Malis, Philippe Malone, Igor Mendjisky, Eddy d’Aranjo, Éloi Recoing, Émilie Rousset et Guillaume Clayssen.

En 2017, à Grenoble, elle travaille en tant qu’interprète avec L’Équipe de Création Théâtrale, sur Le Chagrin d’Hölderlin, mis en scène par Chantal Morel, au théâtre « Le petit 38 ».

En 2020, à Grenoble, elle travaille avec Anissa Zerrouki à une proposition de promenade poétique et musicale, avec le théâtre de L’Hexagone.

Depuis 2021, elle propose des ateliers de pratique théâtrale en direction d’élèves et d’amateurs, dans des cadres scolaires et associatifs.

Depuis 2022, elle travaille à la création de Je suis le vent, d’après Jon Fosse, dans la perspective d’une tournée dans des lieux éclectiques organisée par Maison Auriolles au printemps 2023 dans le Lot-et-Garonne.

En 2023, elle est interprète pour la pièce radiophonique Easy theater écrite par Christine Catellin.

Julie Cardile – jeu

Julie Cardile est née à Nice en 1990, dans cette même ville elle a suivit les cours du Conservatoire d’art dramatique.

Elle a joué dans les premières pièces du collectif La Machine dont elle a signé les co-écriture.

Elle est reçue à l’ERAC en 2012.

Fortement marquée et enthousiasmée par l’enseignement de Valérie Dréville, mettant le sens au centre, avec l’acteurice qui le tient entre ses mains et la rencontre avec Catherine Germain et son approche du clown, autopsiant le vertige du plateau : Depuis sa sortie d’école en 2015, les projets dans lesquels elle a joué ont beaucoup consisté en des expérimentations, des tentatives. Celle, entre autre, de comprendre le geste théâtral en le faisant, à travers des dramaturgies et créations de plateau. Elle a notamment travaillé avec la compagnie Les Estivants, et celle des Pierres d’attente qu’elle co-dirige. Plus récemment, en tant que performeuse avec le Groupe Crisis. Elle continue en parallèle la diffusion de son seule en scène L’égo de l’oignon qui mêle clown, fables anticapitalistes et digression sur le temps et la température.

Par ailleurs Julie est autrice et plasticienne. Elle collabore par ce biais à des pièces de théâtre, des performances, des courts métrages, tout en gardant une large place pour des travaux de modelage ou d’installation, plus solitaire.

Elle travaille actuellement à une installation, Équilibre, qui mêle modelage en papier mâché et plâtre, et textes poétiques. Elle tente de mettre en tension gros volume et poids léger, de chercher dans le déséquilibre, l’endroit de parfait équilibre, avant la chute. Ayant un goût certain pour le figuratif, elle fabrique beaucoup de grosses dames qui tombent —mais qui tiennent. D’autres qui se tiennent par la main pour ne pas tomber, d’autres encore qui tiennent leur main dans l’entrejambe, point de jonction avant l’envol !

Il s’agit surtout d’interroger la gravité avec légèreté, thème qui permet nombre de variations et que Julie chéris tout particulièrement.

Sarah Cosset

Après une vingtaine d’années de lectures, de gribouillages et de jeux au grand air de la campagne berrichonne, Sarah Cosset s’initie au Cirque. Après sa formation au Centre National des Arts du Cirque, elle co-fonde le Groupe Bekkrell, noyau d’amies et de consoeurs qui écrivent collectivement les spectacles de cirque L’ Effet Bekkrell et Clinamen Show. En parallèle de ce parcours de créatrice, elle participe avec joie à diverses aventures de création avec la Compagnie 111-Aurélien Bory, HVDZ-Guy Alloucherie, les Colporteurs, Anomalie &.., La Belle Meunière, Les Affranchis, la compagnie Lunatic…

Mayeul Victor Pujebet – jeu

Mayeul Victor Pujebet est né à Paris le 24 septembre 1994. Après une enfance et une adolescence passées à Grasse, il fait des études littéraires et entre à l’ENS Lyon en section théâtre. Pour ses mémoires de master, il travaille sur la question amoureuse dans le théâtre de Jean Genet. Depuis 2020, il continue ces recherches dans le cadre d’un travail de thèse consacré à la question amoureuse dans les œuvres théâtrales de Garcia Lorca, Genet, Gombrowicz et Copi. La recherche universitaire s’allie, pour lui, à des tâches d’enseignement du théâtre. Mayeul pratique le chant religieux, il a joué dans une comédie musicale, il chante le flamenco. Passionné par le cante jondo, Mayeul se rend souvent en Andalousie, à Jerez de la Frontera, où il a vécu. Il vit actuellement en Dordogne.

Vincent Joly – jeu

Lors de ses études universitaires en mathématiques, il rencontre le théâtre et la musique qui l’amènent à changer de cap. Il chemine à travers champs, aborde le terrain des recherches artistiques ; puis travaille avec le collectif anonymes sur le Partage de l’incertitude (2006), produit par Arte et le CNC et réalise différents films (Ravages-2009, Quoi de neuf ?-2011, Bois Brut – 2012, Le promontoire du songe-2015, ZIG ZAG-premier long métrage en 2018…). Il pratique la musique et le métier de comédien dans divers projets de création théâtrale (Le voyage de verre-Toulouse/2003, Masques blancs peaux rouges-Le Mans-2005, Now-Corée-2007).

Depuis plus de 10 ans, il fait partie de la compagnie du Théâtre du Radeau (Le Mans); il joue dans Onzième (2011), Passim (2013), Soubresaut (2016), Item (2019) et Par Autan (2022). Il collabore également avec la Cie Emile Saar. En 2018, il s’installe dans les Bouches du Rhône et est membre actif de La Déviation.